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21 février 2012

Bull Head / Rundskop, de Michael R. Roskam

Il est certains films dont on pressent que l'audience sera restreinte mais que l'on souhaite défendre et même porter. Des films qui passeront sans doute relativement inaperçus au milieu des flots de films plus commerciaux. Bull Head appartient à cette catégorie précieuse et rare (même s'il a déjà obtenu quelques prix remarquables dans certains festivals et qu'il est nommé, à juste titre, dans la catégorie du meilleur film étranger aux Oscars). Quand on découvre un film à l'aveugle (ce qui fut mon cas, puisque j'ai eu la chance de voir le film de Michael Roskam lors d'un prévisionnement), sans avoir lu ni vu quoi que ce soit à son sujet avant de se retrouver plongé dans son monde visuel et sonore, les a priori laissent la place à la curiosité pure : ne RIEN connaître de l'intrigue, de l'atmosphère, pas même son pitch, devient alors un véritable délice. Cette virginité de cinéphile est ici essentielle : ne lisez rien avant de voir ce film (pas même mon texte !), ne regardez aucune bande annonce, n'écoutez aucune interview, laissez-vous tenter et séduire par cette promesse de cinéma, par ce qui restera sans le moindre doute pour moi une des plus fortes expériences cinématographiques de l'année en cours.

 

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Je pourrais m'arrêter là, et je ne m'avancerai d'ailleurs pas beaucoup plus loin (dernier avertissement pour ceux qui n'auraient pas vu le film : ne dépassez pas ces mots non plus  :-). Je pense d'abord à Psycho d'Alfred Hitchcock, qu'on garde souvent en mémoire pour ses superbes séquences terrifiantes et pour l'une des meilleures contributions à un cinéma "d'horreur grand public" : ce chef-d'oeuvre de Sir Alfred était avant tout basé sur une magnifique fausse piste initiale, avant qu'une rupture scénaristique (la mythique scène de la douche) ne vienne ébranler le confort du spectateur qui s'imaginait jusque là pouvoir anticiper aisément les péripéties ultérieures d'un film policier bien balisé et confortable.

 

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Bull Head est fondé sur ce même principe d'un gouffre narratif dans lequel sombrent les certitudes du spectateur habitué à se projeter dans l'intrigue d'un film. Débutant comme un polar du quotidien basé sur un trafic d'hormones dans le milieu de l'élevage bovin, sujet déjà relativement déconcertant et original, ce film flamand inattendu bascule sans crier gare dans un drame intime percutant, dans un vrai coup de poing visuel qui prend aux tripes, et même dans la déchirante histoire d'un amour impossible aux accents de tragédie moderne.

  

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Dopé par un montage et une musique qui n'ont rien à envier en efficacité aux plus percutants films américains, l'âme et l'émotion en plus, Bull Head imprime pour longtemps sa marque en nous, tout comme son acteur principal Matthias Schoenaerts, stupéfiant dans le rôle de Jacky, dans une performance qui n'est pas sans évoquer les métamorphoses physiques d'un Robert de Niro dans Raging Bull. Hitchcock, De Niro, les comparaisons sont excessives ? Probablement un peu, mais la trajectoire est là, tout comme l'envie de cinéma qui suinte à chaque coin de la pellicule. Ruez-vous voir ce Raging Bull Head, vous n'en ressortirez pas indemnes, mais pleins d'espoirs pour la perpétuation et l'avenir du cinéma.

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  • Autobiographie en films. Une bonne critique de film nous en révèle souvent autant sur son auteur que sur le film lui-même : mes textes parlent donc de mes goûts cinématographiques, de ce qui me construit au cinéma, mais aussi de... moi. Bienvenue !
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