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9 mars 2012

L'exercice de l'état, de Pierre Schoeller / Festival Télérama

Le Festival Télérama est une session de rattrapage bien utile chaque année pour revoir ou découvrir des films qui nous auraient échappé durant la saison cinématographique écoulée. Certains magazines usent et abusent volontiers de l'appellation de "meilleurs films de l'année" à l'heure du bilan : je choisis plutôt l'expression "films préférés", moins sujette à disputes inutiles et règlements de compte inutiles.

Des quinze films retenus par le magazine Télérama pour 2011, j'en aurai finalement vu douze. J'attendrai de voir à la télé, sans réelle attente d'ailleurs, Les Biens Aimés de Christophe Honoré, dont je ne suis pas un immense fan. Le gamin au vélo des Dardenne est sans doute sorti à une mauvaise période pour moi, durant laquelle The Tree of Life (ridiculement absent du classement Télérama) occupait tout mon espace mental : il patientera également. Quant à La Guerre est déclarée, j'aurai finalement réussi à le louper consciencieusement à chaque fois qu'il était programmé dans une salle non loin : je ne me prononcerai pas sur un film que je n'ai pas vu, mais le battage critique autour du film m'a laissé un peu circonspect, ainsi que certaines techniques de mise en scène que j'ai pu entendre évoquées, en particulier un usage visiblement immodéré de la musique.

Le Festival 2011 m'a donné l'occasion de voir trois films, que je ne porterai sans doute pas aux nues, mais sur lesquels j'ai des avis distincts :

 

exercice de l'etat

 

L'exercice de l'état de Pierre Schoeller est probablement le film politique le plus sérieux et réaliste de cette année, qui en a vu fleurir quelques autres (étrange idée de Thierry Frémeaux que d'avoir souhaité en rassembler trois au Festival de Cannes, d'ailleurs). Souvent passionnant, son scénario infiltre les couloirs des cabinets, les bureaux ministériels, d'une manière totalement vraisemblable : le spectateur sort du film convaincu d'avoir assisté à une mise en scène qui ressemble probablement à la réalité du pouvoir politique français.

Certaines séquences sont totalement bluffantes dans ce sens, à commencer par celles consacrées à l'accident de bus, criantes de crédibilité dans sa reconstitution comme dans le jeu médiatique des petites phrases, des postures à adopter, des discours réfléchis au murmure près par une répétiteuse que joue Zabou Breitman à la perfection. L'interprétation ajoute à cette vraisemblance, Olivier Gourmet confirmant notamment une fois de plus sa capacité à rentrer dans la peau de personnages divers en leur donnant systématiquement une vérité, une humanité et une profondeur rares.

 

etat

 

Lorsque Pierre Schoeller quitte la route enneigée de montagne où l'autocar s'est accidenté pour nous conduire vers un autre accident tout aussi spectaculaire sur une portion déserte d'autoroute, nous l'accompagnons un peu moins. Ce décor et cette scène sont des terrains de jeux idéaux cinématographiquement, mais le personnage du chômeur engagé comme chauffeur révèle alors une certaine manipulation scénaristique excessive, comme s'il apparaissait soudain comme le faire-valoir trop ouvertement symbolique de la démonstration qui est menée : le prolétaire exploité médiatiquement par les puissants et sacrifié par eux dans le même mouvement.

Avouons également humblement que, pour le profane que je suis en matière de politique, cette visite guidée des arcanes du pouvoir, si elle est souvent très pédagogique, m'a parfois perdu en route, en particulier durant plusieurs longues scènes de tractations de portefeuilles ministériels relativement complexe à mon sens, mais là était peut-être le souhait du réalisateur : donner le sentiment au spectateur, face à ces monstres du pouvoir, d'être dévoré tout cru par un crocodile sous le regard d'énigmatiques Belphégors déménageurs, comme dans le prologue du film.

A suivre...

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Commentaires
R
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Visiblement, la "pédagogie" a été efficace puisque le film a fait une carrière satisfaisante sur les écrans français. A noter aussi qu'il a obtenu le prix des auditeurs (excessif, selon moi) au Masque et la Plume pour l'année 2011.<br /> <br /> <br /> <br /> Roland Kermarec
T
Bonjour<br /> <br /> En ce qui concerne L'Exercice de l'Etat, j'ai éprouvé à peu près les mêmes impressions que vous: réalisme de la présentation du pouvoir politique français (je nuancerais par "une certaine pratique du pouvoir": je pense qu'on devrait pouvoir en essayer une autre!), présentation pédagogique. Mais j'espère que, comme toute bonne pédagogie, ça a pour effet de stimuler la réflexion (et non de "faire décrocher" des élèves qui n'auraient pas le niveau...).<br /> <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola<br /> <br /> (s) ta
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  • Autobiographie en films. Une bonne critique de film nous en révèle souvent autant sur son auteur que sur le film lui-même : mes textes parlent donc de mes goûts cinématographiques, de ce qui me construit au cinéma, mais aussi de... moi. Bienvenue !
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