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10 mars 2012

Incendies, de Denis Villeneuve / Festival Télérama

Durant une bonne partie de l'année 2011, les animateurs de l'émission de cinéma On aura tout vu, sur France Inter, n'ont eu de cesse de défendre et soutenir, semaine après semaine, le film de Denis Villeneuve. C'est donc avec une attente assez démesurée que j'ai assisté à cet Incendies.

 

Incendies

 

Même si l'on pourrait y voir certaines allusions géo-politiques, Incendies n'est sans doute pas à ranger du côté des films à thèse. Plus modestement, ce film canadien vise avant tout le plaisir premier du spectateur à se laisser conter une histoire. Mais, si l'on y regarde de plus près, raconter une histoire n'est probablement pas plus simple que de délivrer un message à travers un film ou se lancer dans un long métrage militant. Toute oeuvre de fiction, qu'elle soit littéraire ou cinématographique, repose la plupart du temps sur un pacte implicite entre l'auteur et le spectateur/lecteur. Celui-ci accepte, souvent docilement, de se laisser prendre par la main et emporter dans un univers qu'il ne connaît pas, dans un monde dont il ignore les frontières, tant que l'auteur respecte des règles minimales de vraisemblance narrative qui peuvent varier selon le contexte initial. Le cadre d'une oeuvre de pure science-fiction peut ainsi parfois présenter davantage de vraisemblance qu'un récit se déroulant dans une société contemporaine : tout est affaire de cohérence, de rythme, de dosage entre le quotidien, l'habituel, et l'extra-ordinaire.

J'ai tenu la main de Denis Villeneuve bien volontiers pendant une bonne partie de son film : les personnages sont forts et émouvants, la situation prenante, les péripéties spectaculaires. On accepte volontiers que l'héroïne échappe à plusieurs reprises à la mort et s'accroche aussi fortement à la vie, en dépit des drames qu'elle traverse dans ce pays qui ressemble au Liban. Aux côtés de ses enfants enquêteurs, on assemble avec intérêt les différentes pièces du puzzle pour reconstruire le récit dans notre esprit.

 

INCENDIES2

 

Et puis, au fur et à mesure, les coïncidences scénaristiques s'accumulent : des personnages qui émigrent tous deux au Canada et dans la même ville au même moment, qui se retrouvent autour d'une piscine, un gamin qui survit à des multitudes de massacre et se voit recueilli par un chef de guerre, un bourreau qui croise le chemin de l'héroïne, les enfants qui remontent le fil de l'enquête de manière relativement simple, etc. "C'est bien foutu, le scénario !", comme ironisait Albert Dupontel dans un de ses sketchs sur le cinéma. Nous pouvons tolérer certaines énormités scénaristiques au cinéma (la propension de certains héros américains à esquiver invariablement la trajectoire de la moindre balle, par exemple), mais lorsque le personnage du fils profère à sa soeur l'addition énigmatique "1 + 1 = 1" à plusieurs reprises, nous entraînant pendant le dernier quart d'heure à calculer et recalculer l'âge possible des différents protagonistes, nous nous disons effectivement que le con(mp)te n'est plus bon du tout et que cette histoire tragique d'Oedipe libanais a brisé le pacte sur lequel se basait notre intérêt initial.

 

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  • Autobiographie en films. Une bonne critique de film nous en révèle souvent autant sur son auteur que sur le film lui-même : mes textes parlent donc de mes goûts cinématographiques, de ce qui me construit au cinéma, mais aussi de... moi. Bienvenue !
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