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9 octobre 2012

Like Someone in Love, d'Abbas Kiarostami

Copie Conforme, premier exil cinématographique d'Abbas Kiarostami hors des frontières de l'Iran, du côté de la Toscane, n'avait pas été une grande réussite, phagocyté par l'omniprésence agaçante de Juliette Binoche, dès l'amorce du projet, et une intrigue qui, si elle prenait un versant presque fantastique aux deux tiers du récit, n'en restait pas moins convenue et décevante au final. C'est donc avec un certain scepticisme que nous apprenions le départ du cinéaste de l'éternel Goût de la Cerise au pays des cerisiers en fleurs, nous demandant s'il y exporterait son système de mise en scène ou si ce voyage filmique serait l'occasion d'un renouvellement de son univers.

  

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Like someone in love, s'il débute par un long plan séquence déstabilisant et stimulant, où nous cherchons nos repères et tentons de rassembler les éléments éparpillés à l'écran, entre les images et les sons présentés dans le cadre ou hors-champ, dans les reflets de miroir ou la profondeur du champ, peine malgré tout à trouver son rythme par la suite dans une sorte d'intrigue qu'on pourrait qualifier de molle. Progressivement pourtant, le spectateur finit par s'attacher à cette galerie de personnages esquissés en quelques scènes et caractérisés en quelques répliques, à ce vieux pépé ancien prof d'université, à cette étudiante call-girl occasionnelle, à son amoureux jalousement violent, à sa grand-mère abandonnée sur le parvis d'une gare, autour duquel tourne sans fin, comme dans un manège froidement moderne, un taxi qui ne s'arrêtera jamais.

  

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Par sa structure, ce film ressemble au pilote d'une bonne série télévisée : le réalisateur pose le cadre du récit, présente lentement les héros avec lesquels nous nous familiarisons petit à petit, démêle quelques-uns des fils de l'intrigue qui se déroulent habituellement ensuite durant plusieurs épisodes ou même plusieurs saisons. La seule réelle différence notable ici est que, lorsqu'apparaît le générique de fin qui fait suite à un relatif coup de théâtre dans le récit (ou du moins à une action vive et inattendue à laquelle l'histoire ne nous avait pas habitués jusque là), nous savons que nous ne connaîtrons jamais rien du destin de ces personnages que nous aurions pourtant souhaité continuer à suivre. Nous restons sur notre faim et, même si nous pressentons que c'est exactement l'effet recherché par Kiarostami, en quête d'une certaine épure narrative, il n'en reste pas moins que le film ne tient pas toutes ses promesses selon nous.

  

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Et puis, décidément, un jour, quelqu'un devra dire à notre ami Abbas que non, ce n'est plus possible, il faut vraiment qu'il sorte de son coffre pour filmer ses personnages, puisqu’il continue d’être obsédé par les plans tournés à l’intérieur d’une voiture à longueur de bitume. Un dialogue n'est pas nécessairement plus profond ou plus intéressant s'il est cadré à la hauteur du capot, qui plus est si les personnages sont engoncés sur les sièges avant d'une bagnole à l'arrêt...

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  • Autobiographie en films. Une bonne critique de film nous en révèle souvent autant sur son auteur que sur le film lui-même : mes textes parlent donc de mes goûts cinématographiques, de ce qui me construit au cinéma, mais aussi de... moi. Bienvenue !
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