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14 novembre 2012

Rengaine, de Rachid Djaïdani

Rengaine est un film plaisant, parfois émouvant, souvent drôle, mais je ne rejoindrai pas l'emballement critique qui semble accompagner le premier film de Rachid Djaïdani, que certains déjà n'hésitent pas à comparer de manière outrancière et disproportionnée au Shadows de John Cassavetes, rien de moins, ce qui ressemble d'ailleurs à un cadeau empoisonné pour ce jeune réalisateur débutant, même si ce dernier affirme volontiers se reconnaître dans le cinéma de l'auteur de Gloria ou Meurtre d'un bookmaker chinois.

  

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Le scénario de Rengaine ou, devrait-on dire sa ritournelle, tient en peu de mots. Sabrina, maghrébine moderne et libre, souhaite épouser Dorcy, un jeune noir tendance arty, malgré ses quarante lascars de frères convoqués en catastrophe par Slimane, pourtant embringué de son côté dans une histoire d'amour avec une juive. Synopsis bateau qui a souvent été ressassé, par exemple dans le Mauvaise Foi de Roschdy Zem, assez lisse et inoffensif toutefois. Cette rengaine là ne brille donc pas par l'originalité de son propos, mais plutôt par la succession de saynètes qui construisent le récit par petites touches. Le spectateur est souvent invité à suivre le grand frère dans une sorte de trottoir movie, selon une recette et un schéma qui deviennent cependant rapidement monotones car trop prévisibles, Slimane souhaitant monter ses 39 frères contre leur soeur, l'un après l'autre. Bien heureusement, le projet scénaristique a avorté en cours de route, puisqu'on ne nous infligera pas finalement le passage en revue de l'ensemble de la fratrie : nous en verrons toutefois suffisamment pour se demander subrepticement comment diable la plupart de ces frères peuvent bien avoir plus ou moins le même âge, mais passons...

 

Rengaine

  

Par sa désinvolture et son innocence cinématographique, Rengaine attire régulièrement la sympathie du public, en s'appuyant surtout sur un comique de langage (dont on se demande parfois s'il n'est pas auto-caricatural, entre un daron, une reuss', une tripotée de chanmé renois et un wagon de tosma - liste non exhaustive) mais aussi sur les aventures du noir cool de service qui galère de casting improbable dans un groupe de rock (qui se transforme au dire du meneur en "psychanalyse" par chanson interposée) en figuration surréaliste dans un court métrage sobrement intitulé "Métaphysique de la Chaise".

  

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Durant la séquence de filmage d'une séquence de ce court métrage, l'apprentie-cinéaste finit par réaliser que ses techniciens, ou ce qui en tenait lieu, ont oublié d'insérer une cassette avant de tourner. Du côté de Rengaine, nous nous demandons souvent plutôt si la caméra n'est pas dépourvue du moindre viseur optique, de mise au point ou d'un dispositif anti-tremblements. Il est tout de même fatigant de constater que, lorsqu'on évoque la vitalité ou l'énergie débordante d'un premier film, cela signifie souvent que les cadrages sont réalisés à l'arrache, que la caméra gigote plus qu'un Stanley Kubrick embarqué à bord d'une auto-tamponneuse (je me comprends), que si l'image est nette, c'est plus l'effet du hasard que d'une réelle volonté, sans nous attarder sur les micros qui traînent dans le champ ou sur l'ombre de la caméra qui demeure bien nette durant des plans complets, faisant parfois pencher l'entreprise vers un film amateur tourné entre potes.

  

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Malgré ses qualités certaines, Rengaine ressemble donc à un sous Donoma ou plutôt, dans le bon sens du terme, à un excellent brouillon de film fait dans l'urgence. Cette ébauche pleine de promesses, malgré une apparence de succession de sketchs, devrait sans doute servir de tremplin à Rachid Djaïdani et lui mettre le pied à l'étrier : nous saurons alors en découvrant son second long métrage s'il sait rebondir et inventer une réelle mise en scène cinématographique en conservant l'enthousiasme qui lui est propre et qui fait souvent plaisir à voir. 

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  • Autobiographie en films. Une bonne critique de film nous en révèle souvent autant sur son auteur que sur le film lui-même : mes textes parlent donc de mes goûts cinématographiques, de ce qui me construit au cinéma, mais aussi de... moi. Bienvenue !
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