Au-delà des collines, de Cristian Mungiu
15e Festival Ciné 32 - Samedi 13 octobre, 17h30
Au-delà des collines est à mon sens le film du moment le plus surestimé par la critique. Détenteur de la Palme d'Or en 2007 pour le marquant 4 mois, 3 semaines, 2 jours, film très sec et clinique sur l'avortement clandestin en Roumanie, Cristian Mungiu semble ici s'être lancé à caméra perdue dans le genre très prisé du "film de festival". Formellement, rien à dire, la photographie est parfaite, les plans souvent magnifiques, les paysages somptueux : un vrai régal pour les amateurs de décryptage de plans composés avec minutie. Mais si l'on examine le scénario et le projet en lui-même, le sujet devient plus que tendancieux et peut se résumer à un simple et caricatural procès à charge contre l'Eglise Orthodoxe.
Pendant inversé féminin et nonnesque du magnifique film de Xavier Beauvois, ce "Des Hystériques et des Dieux" est une longue épreuve de 2h30 qui plaira avant tout aux agnostiques cinéphiles, espèce moins rare qu'il n'y paraît. On se demande même si les chaînes ne sont pas fournies à la fin du film pour se flageller avant de se vautrer complaisamment dans une forme de rejet de toute religion ou de toute forme de spiritualité, très hype dans les milieux branchés.
Si le service public défaillant, qui avait donné le très bon La mort de Dante Lazarescu du Roumain Cristi Puiu en 2004, en prend ici pour son grade durant une très courte séquence, si la responsabilité de la police à propos du drame central est timidement esquissée au cours d'un plan furtif, sans doute pour se donner bonne conscience, c'est surtout une communauté religieuse légèrement archaïque qui est la cible gratuite du cinéaste, de manière répétitive, démonstrative et très rapidement lassante. Si l'on regarde le thème de plus près, nul besoin pourtant d'aller se perdre dans les couloirs d'un monastère roumain austère pour trouver des Tartuffes ne manifestant pas un enthousiasme bondissant face à une histoire d'amour saphique... Au-delà des collines ? Rien qui ne mérite qu'on effectue un détour pour faire le voyage.