Touristes, de Ben Weathley
15e Festival Ciné 32 - Jeudi 11 octobre, 22h45
Touristes mérite incontestablement le prix du film le plus volontairement barge, branque et foutraque de 2012. A ce niveau là, les concurrents sont même rares, pour ne pas dire inexistants, et c'est ce qui fait déjà le charme de cette comédie britannique grinçante et sanglante : son côté inclassable et débarqué de nulle part, sa destination demeurant d'ailleurs relativement mystérieuse également.
Si cette pochade semble, durant quelques séquences introductives, s'appuyer et lorgner de manière assez déjantée sur les comédies sociales à l'anglaise de Mike Leigh, Ken Loach et consorts, elle se tourne rapidement vers une farce horrifique réjouissante qui laisse le spectateur parfois pantois. Les aventures des deux héros aux commandes de cet OFNI dépassent en effet largement ce à quoi est habitué le commun des mortels qui hante les salles obscures. Serial losers sillonnant la campagne anglaise à bord de véhicules plus ou moins improbables, ils finiront par se transformer en Natural Born Killers campagnards décomplexés : le road movie, entamé sur le ton de la comédie romantique neuneu, dégénère et part totalement en vrilles au fil de la tournée des sites touristiques les plus kitschs et beaufs de la Grande Bretagne qu'entreprennent ces Bonnie and Clyde de la déglingue et du n'importe quoi. Dans le genre, entre une visite au musée du train et une balade grand-guignol sur un site mésolithique, la palme revient indéniablement au musée du crayon à papier, tellement hilarant qu'on craint qu'il n'existe réellement.
Les délires de Ben Weathley, cousin grand-breton de Quentin Dupieux, biberonné aux Monty Python à la sauce gore depuis la plus âpre enfance, est donc à même de satisfaire tout cinéphile à la recherche de saveurs visuelles nouvelles ou d'une détente pure après une série de films plus exigeants : pour ma part, Touristes a par exemple été parfaitement le bienvenu après 5 films consécutifs durant une journée de festival, une façon idéale de décompresser et de clôturer un tel matraquage cinématographique. Nous pouvons cependant admettre que cet exercice plaisant trouve ses limites dans son côté extrêmement répétitif, plus proche de l'esprit d'une série de sketchs télévisuels, vignettes successives de 10 ou 15' où la mise en scène n'est pas très poussée, le bon vieil écran du salon semblant d'ailleurs l'espace où ce type de productions aurait davantage sa place.