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7 février 2013

The Master, de Paul Thomas Anderson

Nous savons la vénération croissante que connaît Paul Thomas Anderson auprès des cercles de critiques et de cinéphiles. Nous n'avons pour notre part jamais été pleinement saisi ou emporté par sa grâce, même si nous avons beaucoup apprécié la puissance romanesque de ses films fleuves Magnolia ou There Will Be Blood. Toujours est-il que nous attendions The Master comme l'un des premiers grands films de 2013. Las, ce Maître là est à ranger du côté de la première grande déception de l'année.
   

THE_MASTER_BOCETOS_02


   

"Le processus est lent et difficile.
- Je ne le comprends pas."

Cet échange de répliques illustre bien notre ressenti. Ce film au long cours est un ensemble baroque dont nous peinons très rapidement à rassembler les morceaux pour tenter d'en dégager une cohérence interne, lâchant totalement prise quand Philip Seymour Hoffman se retrouve à chanter au milieu d'un public dont les femmes, subitement et sans la moindre raison autre que la beauté du geste, se retrouvent subitement à poil à l'écran, avec un très grand naturel d'ailleurs. Nous pourrions multiplier la citation de scènes qui semblent détachées du coeur du récit (les courses de moto dans le désert, les mystérieuses séquences vitre-bois, etc.), mais n'étant justement jamais parvenu à localiser ce coeur, la démarche serait probablement tout aussi vaine.
  

original


  

Le scénariste et le metteur en scène ne parvenant pas à capter notre attention, nous avons reporté celle-ci sur les comédiens. Il faut d'abord reconnaître que la plupart des scènes confrontant les deux acteurs principaux sont souvent magistrales pour leur interprétation, surtout lors des nombreuses séquences de dialogues à la lisière entre psychanalyse et interrogatoire de police. Mais autant Philip Seymour Hoffman en impose par sa maîtrise, laissant toujours percevoir une violence sourde et rentrée qui ne demande qu'à exploser à tout instant, autant Joaquin Phoenix semble souvent lâché en roue libre dans plusieurs scènes visiblement improvisées où il donne libre cours à sa légendaire folie intérieure jusque dans la caricature. Porté au pinacle pour ses capacités à se mettre en danger, il use et abuse ici de cette image en jouant constamment sur le fil du rasoir (la scène de prison où il explose tout ce qui bouge, y compris lui-même, la scène "vitre-bois" évoquée ci-dessus durant laquelle Hoffman l'empêche visiblement à un moment de se blesser contre la pointe d'un lustre, etc.) 
  

the-master-poster-italia


  

Le spectateur, perdu dans un des "trous temporels" évoqués dans le récit, s'interroge alors sur la définition d'un comédien : où est la nuance entre l'incarnation d'un personnage et son interprétation à la façon d'un pantin désarticulé (physiquement comme psychologiquement), où se situe la frontière entre un acteur habité par un rôle et un contorsionniste obsédé par la délivrance d'une performance qui dévoie à l'extrême les préceptes de l'Actor's Studio ?...

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  • Autobiographie en films. Une bonne critique de film nous en révèle souvent autant sur son auteur que sur le film lui-même : mes textes parlent donc de mes goûts cinématographiques, de ce qui me construit au cinéma, mais aussi de... moi. Bienvenue !
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