Belle Epine, de Rebecca Zlotowski
Festival Ciné 32 - Dimanche 17 octobre, 9h
Le premier film "intimiste" (attention, très souvent synonyme déguisé de "chiant" et "prétentieux", ce qualificatif) à tendance autobiographique et à esthétique faussement vieillote, réalisé par une jeune réalisatrice fraîchement estampillée Femis, est dangereusement en passe de devenir un genre en soi dans le paysage cinématographique français. Je pourrais bien sûr étayer cette affirmation quelque peu péremptoire par un ou deux exemples, si ce n'est qu'une autre caractéristique de ces films est de sombrer rapidement pour moi dans l'oubli qu'ils n'auraient parfois jamais dû quitter : vous excuserez donc mon désir de corriger un certain penchant masochiste en évitant de remuer trop longuement ma mémoire à la recherche d'un de ces pensums affligeants.
Dans la catégorie pré-citée, Belle Epine peut faire figure de maître étalon. Indéniablement, une certaine presse va porter aux nues ce premier long métrage de Rebecca Zlotowski et y déceler des qualités insoupçonnables, des subtilités, des non-dits, des finesses sensibles, là où je ne perçois que vanité, ennui profond, gratuité des séquences, snobisme et faux naturalisme. Comme la cohorte de films du même accabit qui l'ont précédé, ce premier long métrage accumule donc les poncifs et les clichés sur les errances d'une ado dans le monde interlope des jeunes motards, alignant les scènes obligées de pseudo provoc et épinglant au passage quelques séquences dont on se demande si elles doivent engendrer en nous l'hilarité totale ou l'effarement le plus complet, depuis les dialogues affligeants d'une bande de décérébrés casqués jusqu'à une scène de "coït à glaçons" dans un congélo de Rungis.
La réalisatrice, belle comme une banquise, était présente dans la salle à l'issue de la projection. Dans le dossier de presse, elle dit "Le film ne se situe ni dans les années 70, ni dans les années 80, ni aujourd'hui, il est avant, comme dans la mémoire". Je vous laisse méditer deux bonnes minutes le concept fumeux... Ca donne déjà le ton de la nana, d'une prétention et d'un applomb assez rares à chaque question à laquelle elle répondait. Pour expliquer le titre de son "oeuvre", elle a d'abord expliqué que c'était le nom d'un Centre Commercial (voilà une information qui méritait d'être mentionnée, effectivement...) puis elle a romantiquement ajouté qu'elle aimait aussi le "jeu de mots" potentiellement présent dans le titre. Hein ? Oui, si on enlève le "é". Ah, hum, ok, très bien, très fin. Arrêtons là, servi...