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18 décembre 2010

Another Year, de Mike Leigh

Festival Ciné 32 - Samedi 16 octobre, 16h30

Mike Leigh est l'un des peintres les plus attentionnés de la middle class anglaise, de ces gens de peu : qui vivent de peu, certes, mais dont le bonheur repose également sur peu de choses. Un cinéma du naturalisme tendre, de la modestie affichée et de la simplicité, au plus près du quotidien trivial ou triste d'une foule de personnages dont le spectateur finit par se sentir proche. Un Ken Loach moins direct, moins visiblement revendicatif mais tout aussi humaniste.

 

another_year

"Another Year" comporte une galerie de personnages mémorables qui appartiennent à la famille élargie des précédents films de Mike Leigh : des êtres blessés par la solitude, esquintés par des ruptures ou des échecs professionnels et auxquels on s'attache rapidement au fil des saisons que dépeint le réalisateur comme autant de tranches de vie. Malgré Tom et Gerri, un couple de Bons Samaritains, condamnés parfois malgré eux à partager leur vitalité et leur bien-être, Another Year est un film relativement anxiogène, un film dépressif et paradoxalement suintant d'espoir. Si l'on excepte le noyau familial du couple central et de leur fils Joe accompagné de sa pétulante et enjouée girlfriend Kathy, ce dernier opus de Mike Leigh brosse pourtant le portrait d'une foule de personnages plus écorchés par la vie les uns que les autres : une patiente obsédée par son sommeil (l'impressionnante comédienne Imelda Staunton, totalement fermée sur elle-même, interprète de Vera Drake), qui, sur une échelle du bonheur variant de 1 à 10, se positionne sans la moindre hésitation sur... 1 (superbe séquence initiale qui constitue quasiment un court métrage à elle seule et représente une pierre angulaire qui donne le ton de la suite) ; Ken, obèse d'alcool et de solitude mêlés ; Ronnie, frère monosyllabique de Tom, veuf et esseulé ; son fils Carl, qui exsude  la violence, la rancoeur et le mal-être dans chacun de ses gestes brusques et chacune des rares paroles qu'il éructe...

 

 

another_year_poster01

Autant d'êtres inadaptés à l'existence moderne, incapables de communiquer entre eux, repliés dans leurs propres angoisses et leur mystère. Et Mary enfin, portée par une étonnante Lesley Manville, femme pétrie de doutes et de failles, secrétaire secrètement amoureuse de Joe, mélanco-alcoolique hyperactive qui noie sa terreur de l'isolement dans une logorrhée sans fin : un personnage délaissé par l'existence, qui sème la pagaille autour d'elle involontairement, mais auquel le spectateur s'attache malgré ses outrances et ses maladresses, jusqu'à cette séquence finale où, bien qu'entourée de ses seuls amis, sa solitude profonde et son désespoir rejaillissent au détour d'un gros plan qui dévoile son regard perdu. La solitude au milieu de la foule. L'humanité selon Mike Leigh, au sein de laquelle cohabitent cruauté et compassion, indifférence et empathie.

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