Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dernières Séances
26 janvier 2011

Angèle et Tony, d'Alix Delaporte

Nos écrans de cinéma sont fréquemment inondés de films expiatoires ou poseurs, voire les deux simultanément : des oeuvres dont on s'étonne qu'ils ne soient pas fournis avec la balle d'un revolver à la sortie de la salle ou qui nous font regretter amèrement les quelques euros perdus à jamais dans le vide sidéral de la filmographie d'un cinéaste qui ambitionne visiblement de révolutionner à lui seul le langage du cinéma. A contrario, "Angèle et Tony" ne prétend pas renverser l'ordre établi ni viser la moindre prise de conscience : son seul but est de nous faire passer un moment agréable en la compagnie de personnages simples et touchants (ce que nombre de réalisateurs semblent avoir parfois oublié en chemin). On pourra arguer que la mise en scène est relativement plate, mais cette modestie rare baigne tous les degrès du film, de la construction du scénario à la réalisation en passant par l'interprétation. Pas de mouvements de caméra alambiqués ou de montage nerveux, pas de photographie stylisée : un cinéma à hauteur d'hommes, à l'instar de cette très belle séquence où Angèle pédale de manière saccadée en plan très serré, comme si nous la voyions trébucher et tanguer à chaque pas, constamment au bord de la cassure et de la chute.

 

angele_et_tony_26_01_2011_1_g

Cette rencontre improbable entre une femme en liberté conditionnelle et un marin pêcheur taiseux et solitaire pourrait pourtant déboucher sur toutes les outrances. Angèle ne gagne que lentement notre sympathie comme celle de son bambin, un petit blondinet élevé par ses grands-parents et qui a perdu une bonne partie de ses illusions sur les bonnes intentions de sa maman trop fantasque et extravagante : elle en fait trop, ne connaît que l'excès, se donne trop vite, ne respecte personne et surtout pas elle-même. Clothilde Hesme est très juste dans ce rôle, comme une Cécile de France peu amène et asociale qui aurait emprunté les sentiers de Sans toit ni loi. Apparemment plus terne de prime abord, mais stable et rassurant, Tony est interprété avec finesse par Grégory Gadebois, qui ne possède pourtant pas la partition la plus aisée. "Angèle et Tony" est surtout cela : un film de comédiens, une série de portraits brossés sur 1h30 au travers de quelques séquences où fleure une émotion subtile, à l'exemple de la répétition théâtrale. Un film d'amour frais et léger, entre les embruns du Calvados et les fleurs bicolores en papier crêpon qui décorent le bateau de pêche de Tony. Un film pudique dont on sort sans turpitudes, sans interrogations profondes, sans mélancolie sourde, sans envie de se jeter du haut d'un pont, mais avec le sourire, tout simplement.

Publicité
Publicité
Commentaires
B
J'ai beaucoup aimé aussi et voici mon commentaire à la sortie de l'avant première ( improbable est un terme "tendance"..) Béatrice<br /> <br /> <br /> "Grâce à des gens qui y croient,ce soir avant première du film "Angèle et Tony" au Capitole d'Uzès et rencontre avec la toute jeune réalisatrice Alix Delaporte. Il faut voir cette improbable histoire d'amour: Elle provocante comme il faut, Lui et sa pudeur comme pour éviter la douleur...Sortie nationale le 26 janvier"
Dernières Séances
  • Autobiographie en films. Une bonne critique de film nous en révèle souvent autant sur son auteur que sur le film lui-même : mes textes parlent donc de mes goûts cinématographiques, de ce qui me construit au cinéma, mais aussi de... moi. Bienvenue !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 32 099
Publicité