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12 décembre 2010

L'homme qui voulait vivre sa vie, d'Eric Lartigau

En allant voir L'homme qui voulait vivre sa vie, j'imaginais découvrir un film contemplatif sur le développement personnel. Mal m'en a pris, puisqu'il débute sur un morne constat de ratage personnel, prend corps avec des absurdités complètes du personnage principal que vient ensuite renforcer une platée d'invraisemblances narratives jusqu'à un dénouement certes spectaculaire mais qui nous prend au dépourvu lorsqu'arrive le générique de fin...

 

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Les premières séquences évoquent de loin le personnage de Laurent Lucas dans Harry, un ami qui vous veut du bien : englué dans un couple qui a oublié de communiquer et ne repose plus que sur l'éducation des enfants, Paul (Romain Duris) s'est enfoncé dans une triste monotonie personnelle comme professionnelle et a laissé ses rêves de côté, en particulier ses ambitions artistiques. Une vision de l'enfer domestique qui culmine avec la révélation lourdingue d'un banal adultère, spécialité d'un certain cinéma français qui ne voit souvent guère au-delà du lit conjugal : on ne sait alors à qui attribuer la palme du glauque et de l'hypocrisie, dans une scène de repas qui tourne au règlement de comptes, version moins drôle de celle de Deux ans à tuer où excellait Dupontel, entre le mari qui oscille du ridicule au pathétique, l'épouse qui s'enferme dans une sordide dénégation, le voisin cool et propre sur lui qui joue au coq de basse-cour cynique ou... le réalisateur qui n'hésite pas à transformer cela en suspense de pacotille (frôlement des amants dans la cuisine, foulard égaré chez le bellâtre, etc., rien ne nous est épargné...)

Une fois achevé cet enchaînement de séquences relativement pénibles, le scénario enfile donc les scènes rebattues (un maquillage de meurtre que même l'inspecteur Derrick aurait su résoudre) puis les invraisemblances, que nous sommes sommés d'avaler sans les remettre en question : l'imitation d'une signature qui suffit pour voler l'indentité de quelqu'un, le mode d'emploi d'une bombe artisanale dégotté sur Internet pour faire exploser un bateau (là aussi, les enquêteurs ont visiblement été recrutés chez les Castors Juniors puisque l'on conclue à l'accident malgré l'énormité du dispositif...), la rencontre avec un pochtron qui se révèle finalement être un grand rédacteur en chef et conserve suffisamment de lucidité entre deux pintes pour repérer le talent du héros (belle apparition de Niels Arestrup), etc. Autant d'incohérences qui ne dépassent certes pas l'ânerie scénaristique originelle : pourquoi Paul décide-t-il en dépit du bon sens de conserver l'identité de celui qu'il a fait passer de vie à trépas, puisqu'il ne peut ignorer qu'il joue avec le feu ainsi ?...

   

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Si on ajoute certaines pistes qui sont totalement laissées de côté, à commencer par toutes les séquences qui impliquent le personnage interprété par Catherine Deneuve, dont la mort imminente ne semble intéresser personne, il reste finalement relativement peu de choses à repêcher, si ce n'est toutes les scènes où Paul prend des photos, cadrages originaux de personnages et de décors ordinaires dans un environnement industriel. On se demande ce qui a pu pousser Eric Lartigau à mettre en scène ce film, hormis le plaisir certain qu'il a dû éprouver à transposer en France l'action centrée aux Etats Unis dans le roman originel de Douglas Kennedy...

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  • Autobiographie en films. Une bonne critique de film nous en révèle souvent autant sur son auteur que sur le film lui-même : mes textes parlent donc de mes goûts cinématographiques, de ce qui me construit au cinéma, mais aussi de... moi. Bienvenue !
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