True Grit, des Frères Coen
Il est toujours agréable de découvrir un western sur les écrans, à une époque où ce genre fondateur du cinéma américain a plus ou moins déserté les salles (dernier excellent souvenir en date : "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" d'Andrex Dominic). "True Grit" ne déroge pas à la règle et remplit pleinement cette mission première, donnant même envie de revisionner la première adaptation de ce roman par Henry Hathaway afin de mieux mesurer les variations d'un scénario à l'autre, d'une interprétation de Rooster Cogburn à une autre, pour mieux appréhender également l'évolution du genre depuis une trentaine d'années.
Si l'on replace par contre "True Grit" à l'intérieur de la carrière hétéroclite des Frères Coen, il semble a priori difficile d'identifier leur "marque de fabrique". Le récit suit son cours de manière relativement classique, à quelques escapades près qui donnent tout leur sel à ce qui devient un western à la lisière du fantastique et du conte de fées : la traversée d'une forêt lugubre où les pendus vous menacent depuis les plus hautes branches, se détachent, réapparaissent de manière inattendue "à dos de cheval" ; la chute de la tenace héroïne dans un gouffre à la manière d'une "Alice au Pays des Cadavres Venimeux" ; et surtout une superbe chevauchée finale flottante, filmée à l'ancienne, comme dans un rêve. Le genre du western est peut-être mort aujourd'hui, mais sa version fantomatique peut continuer à hanter notre imaginaire.