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6 septembre 2011

J'ai rencontré le Diable, de Kim Jee-woon

Ouch !! Il faut avoir le coeur bien accroché pour tenir le choc devant "J'ai rencontré le diable", sous peine de le voir "sanguinoler" convulsivement par chacun de nos pores. Rude épreuve ! Je suis un inconditionnel et un âpre défenseur du cinéma moderne sud-coréen, qui reprend à son compte les grands genres cinématographiques qui ont construit le cinéma américain, les démonte et les réorganise en poussant leurs codes à l'extrême d'une manière qui ne nous aurait jamais traversé l'esprit. Kim Jee-woon, qui a "commis" ce Diable de film, a ainsi précédemment réalisé "Le Bon, la Brute et le Cinglé" dans un "western asiatique" (le concept même était réjouissant !) qui pouvait faire passer Sergio Leone pour un modèle de sobriété.

  

I Saw The Devil (BR)

Il s'attaque ici au genre bien américain du serial killer (le pourcentage de psychopathes retors est heureusement plus élevé sur les écrans hollywoodiens que dans la réalité, du moins faut-il l'espérer), versant "revenge movies" particulièrement prisé en Corée du Sud visiblement. "La vengeance est un plat qui se mange froid" ? Nous pouvons en douter : la vendetta paraît davantage savoureuse aux papilles coréennes quand on la réchauffe, qu'on la recuit, qu'on l'ébouillante jusqu'à frôler l'écoeurement.

  

i-saw-the-devil

La violence à l'écran est un thème qui peut très vite me froisser, me donner des haut-le-coeur et me filer des nausées visuelles. C'est un sujet casse-gueule où le réalisateur peut vite sombrer dans la complaisance, même lorsqu'il entend la dénoncer, et rien ne devient aussi abject que de la violence gratuite déversée à l'écran (dernier exemple en date, The Killer Inside Me, qui m'a laissé au bord du malaise). Autant le dire tout de suite, Kim Jee-woon franchit à plusieurs reprises les limites du tolérable. Mais, et c'est sans doute ce qui est le plus étonnant, il parvient ensuite à nous remettre sur les rails du vrai cinéma en oubliant ce côté grand-guignol de bas étage. La violence s'exerce par vagues rageuses dans son film et, même s'il se perd parfois dans une certaine outrance, les intermèdes prennent alors un rythme faussement calme qui contribuent peut-être tout autant à nous oppresser littéralement que les éclairs meurtriers qui ont précédé. Le spectateur sort exténué de cette Rencontre avec le Diable, les nerfs à fleur de peau : l'interprétation éprouvante de Choi Min-sik, véritable star coréenne qui a des myriades de films à son palmarès, n'y est pas pour rien. On peut donc sans doute simplement regretter que la violence contenue et davantage suggérée, présente dans le prologue, n'ait pas servi de fil conducteur à l'ensemble de la mise en scène, mais nul ne peut nier non plus la contagieuse et réjouissante envie de cinéma pur que montrent des films comme celui-là.

  

11661-1

"Si tu regardes longtemps au fond de l'abîme, l'abîme aussi regarde au fond de toi" (Nietzsche, Par delà le bien et le mal)

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  • Autobiographie en films. Une bonne critique de film nous en révèle souvent autant sur son auteur que sur le film lui-même : mes textes parlent donc de mes goûts cinématographiques, de ce qui me construit au cinéma, mais aussi de... moi. Bienvenue !
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