Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dernières Séances
26 octobre 2012

38 témoins, de Lucas Belvaux

Le Havre a été placée sous les feux des projecteurs cinématographiques en 2012. Le très beau film éponyme d'Aki Kaurismäki en montrait son versant le plus lumineux et humaniste au début de l'année (et semble avoir "irrigué" également un autre film, très proche dans l'esprit : Terraferma d'Emanuele Crialese).
   

Affiche_38_temoins


   

38 Témoins en dévoile son côté le plus obscur, le plus glauque, le plus mortifère. Avant même que ne débute réellement l'action, les cargos de taille inhumaine et les plans filmés dans le port laissent sourdre un malaise, suggèrent l'enfermement, étouffent l'espoir des lendemains meilleurs, et la suite ne fera que confirmer cette sinistre impression initiale : la ville paraît constamment désertée, les docks abandonnés et livrés à des machines qui semblent fonctionner toutes seules, comme si la communauté se déshumanisait déjà progressivement.
   

38-temoins-2012-21984-1622799367


   

Le film de Lucas Belvaux est adapté d'un roman de Didier Decoin, "Est-ce ainsi que les femmes meurent ?", lui-même inspiré d'un faits divers qui s'est produit à New York en 1964 : la transposition française de ce drame américain est rigoureusement parfaite et glaçante de bout en bout. La grande originalité de l'intrigue de 38 témoins est de délaisser ce qui fait habituellement le sel des films policiers : l'empathie avec la victime d'un crime, la recherche du coupable, l'enquête minutieuse, les indices, etc. Pas la moindre piste ici, pas même un mobile, aucune information ou presque sur la victime du meurtre. L'essentiel se joue ailleurs, dans les motivations qui ont poussé 38 témoins d'un crime à ne pas réagir, à rester tapis dans l'ombre, à demeurer désespérément cois et passifs pendant que l'innommable se déroulait.
   

38-temoins-14-03-2012-6-g


   

Cette seconde collaboration d'Yvan Attal, intense, et de Lucas Belvaux, est plus émouvante, prenante et juste que Rapt. C'est un conte de l'indifférence contemporaine et de la lâcheté ordinaire, dont les cris retentissants et perçants d'une magnifique scène de reconstitution (et qu'est le cinéma, sinon une forme de reconstitution ?) clinique et froide, tenaillent les tripes, figent le sang et resteront longtemps imprimés au tréfonds de notre mémoire sonore cinématographique.

Publicité
Publicité
Commentaires
Dernières Séances
  • Autobiographie en films. Une bonne critique de film nous en révèle souvent autant sur son auteur que sur le film lui-même : mes textes parlent donc de mes goûts cinématographiques, de ce qui me construit au cinéma, mais aussi de... moi. Bienvenue !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 32 099
Publicité