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5 novembre 2012

Augustine, d'Alice Winocour

15e Festival Ciné 32 - Samedi 13 octobre, 14h15

 

Pour ceux (dont je fais humblement partie) qui ne connaîtraient pas bien les travaux précurseurs de Jean-Martin Charcot sur l'hystérie ou sur ses autres études à la Salpétrière, où Sigmund Freud fut notamment son élève, ce premier film d'Alice Winocour recèle un intérêt informatif indéniable. La jeune réalisatrice a porté une attention particulière aux décors, aux costumes, aux accessoires les plus ésotériques, et sa mise  en scène témoigne souvent du désir de décrire de manière clinique et juste tout ce qu'elle a pu emmagasiner comme documentation durant sa phase d'écriture. De ce point de vue là, Augustine atteint parfaitement son objectif, avec le concours de ses interprètes principaux, puisque Vincent Lindon et Soko incarnent avec conviction et véracité leurs personnages : dans une production hollywoodienne, le personnage d'Augustine serait même taillé pour un rôle à Oscar, tant la composition physique inhérente au rôle est prépondérante et souvent impressionnante à l'écran. La photographie et la réalisation étant à l'avenant, le contrat semble donc a priori parfaitement respecté.
   

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Pourtant, plusieurs réserves freinent notre enthousiasme, à commencer par le parti-pris scénaristique de la réalisatrice qui, si elle s'est basée sur des compte-rendus maniaquement détaillés pour construire ses séquences médicales, a par contre délibérément choisi de ne pas passer sous silence l'inconnu de la relation entre Charcot et sa patiente, le hors-champ de ce cas clinique : les options fictionnelles qu'elle a du coup retenues ne brillent guère par leur originalité, puisque nous assistons à une sorte d'histoire d'amour non exprimée consciemment, sous fond de pulsions sexuelles et animales qui donnent tantôt un côté banal à certaines séquences, tant un aspect maladroit ou presque grotesque, notamment lors d'une pirouette scénaristique finale, ficelle imaginaire trop attendue. Les propos de la réalisatrice à l'issue d'une séance de son film viennent corroborer ce problème, puisqu'elle a notamment indiqué qu'elle avait souhaité filmer une scène où Charcot donne de la soupe à sa patiente à la petite cuillère comme s'il s'agissait d'une fellation, interprétation délirante qui, avouons-le, nous avait totalement et heureusement échappé durant la projection... Il est parfois bon d'éviter d'entendre les analyses que les créateurs font de leurs propres oeuvres et de la genèse de celles-ci...
   

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Outre ces scènes fantasmatiques un peu trop faciles, la réalisatrice, si elle s'appuie sur les "leçons" que Charcot donnait effectivement en public à la fin du XIXe siècle, ne parvient pas à réellement renouveler ce thème essentiel et troublant de l'exhibition médicale, tel qu'ont pu le traiter brillamment avant elle des cinéastes comme David Lynch dans The Elephant Man ou, plus récemment, Abdellatif Kechiche dans Vénus Noire, qui ne nous avait pas pleinement convaincus mais parvenait à exploiter ce sujet de manière marquante. D'autres idées sont par contre intéressantes, comme l'insertion d'interviews réelles de patientes contemporaines atteintes d'hystérie, mais l'ensemble forme au final un film hétéroclite qui ne paraît pas totalement abouti.

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